UN FILM DE JJ ABRAMS
Dans une petite bourgade des Etats-Unis, Joe (Joel Courtney) doit faire face à la mort de sa mère, victime d’un mystérieux accident à son travail. Le jeune garçon tente d’oublier sa tristesse en compagnie de son ami Charles (Riley Griffiths) qui réalise des films de zombies avec très peu de moyens. Alors que ce dernier décide d’instaurer une histoire d’amour dans son projet, il parvient à convaincre la belle Alice Dainard (Elle Fanning) de jouer les comédiennes. Joe est instantanément sous le charme, même s’il sait d’avance qu’une histoire d’amour est quasi-impossible (le père d’Alice, un alcoolique violent, et le père de Joe, un flic, se détestant). Les préoccupations personnelles et sentimentales vont passer au second plan alors qu’en plein tournage Joe, Alice et l’équipe de Charles assistent à une spectaculaire catastrophe ferroviaire.
La panique s’empare de la petite ville alors que l’armée envahit les rues, que les disparitions se multiplient et que des phénomènes inexplicables surviennent. Personne ne comprend ce qui se passe. Joe et sa bande ont une longueur d’avance : ils savent que l’accident du train a été provoqué par un de leurs profs de science et que dans les wagons se trouvaient de mystérieux cubes blancs. Progressivement, les pré-ados comprennent qu’il pourrait bien s’agir d’une invasion extraterrestre.
Auteur et cinéaste éclectique, roi du buzz, JJ Abrams se rappoche de l’univers de Steven Spielberg avec SUPER 8. Le film catastrophe croise le portrait d’enfant et s’avère être une jolie réflexion sur la perte.
On a la sensation d’assister à un blockbuster à l’ancienne, et l’intrigue se situant à la période où Internet n’existait pas, où l’on dialoguait par talkie walkie et où le walkman faisait son apparition, la nostalgie ne manque pas de nous envahir.
En tant que fan de la série Dawson (dont le héros ,rappelons-le, était un fervent admirateur de Spielberg) , je n’ai pu m’empêcher de trouver des similitudes entre ce nouveau projet d’Abrams et la série culte adolescence. Même délicatesse des rapports entre les jeunes , l’amour du cinéma - moyen de fuir une réalité difficile, histoire d’amour compliquée avec une girl next door entrant par la fenêtre de la chambre par surprise…
Si SUPER 8 est particulièrement divertissant, plutôt habile (le réalisateur joue notamment avec le mystère de la menace extraterrestre, on ne voit « la bête » que très tard) il est aussi et surtout imprégné d’une incroyable tristesse. Même quand elle ne sont pas évoquées directement, la mort de la maman de Joe ou la fuite de celle d’Alice, hantent les personnages et le film et instaurent un certain spleen. Pas facile de grandir après de tels traumatismes...
Sensible, le long-métrage, tout de même très américain et parfois peu subtil (la scène finale qui surligne le propos sur la fin du deuil, la volonté d’avancer, de grandir, de faire la paix avec un destin pas toujours facile – une fin qui toutefois m’a bien fait chouiner donc efficace ;), oppose le monde de l’enfance et le monde adulte. Il y est question de foi en l’autre, de la difficulté à comprendre un être. Le père d’Alice, un sale type en apparence, se révèlera ainsi touchant car agissant toujours par désespoir; et l’extraterreste menaçant n’est méchant que par la force des choses…
Survivre aux plus grands drames de la vie, avancer, ne pas se laisser pétrifier par la mort : des choses universelles qui rendent SUPER 8 à la fois grand public et non dénué d’âme. Une œuvre efficace et attachante.
Film sorti le 3 août 2011
